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NouvellesDeux médecins formées à l’étranger élisent domicile en Nouvelle-Écosse : récit d’un parcours d’ECE

Deux médecins formées à l’étranger élisent domicile en Nouvelle-Écosse : récit d’un parcours d’ECE

Le 14 décembre 2022

Il suffit de lire les nouvelles pour constater que les soins de santé au Canada se trouvent à un tournant critique : le système est à bout de souffle et le besoin d’avoir plus de professionnels de la santé se fait cruellement sentir. Les programmes d’évaluation de la capacité à exercer (ECE) offerts dans sept provinces sont de plus en plus considérés comme une voie permettant aux médecins ayant exercé la médecine à l’étranger d’accéder efficacement au système médical et de combler la pénurie de docteurs dans les régions rurales et éloignées du Canada. En Nouvelle-Écosse, de nombreuses collectivités bénéficient du programme d’ECE appelé Nova Scotia Practice-Ready Assessment Program (NSPRAP), grâce auquel des médecins de famille formés à l’extérieur du Canada viennent s’établir dans la province pour travailler dans un cabinet ou une clinique de médecine familiale au cours d’un stage d’évaluation clinique se déroulant sur 12 semaines. Ce stage est suivi d’un engagement de service post-évaluation, qui, à terme, donne lieu à l’obtention d’un permis d’exercice indépendant.

Un programme voué au succès

La Dre Stephanie Omoifo et la Dre Amel Aldrebi font partie de l’une des six cohortes de diplômés du NSPRAP depuis son lancement en 2019. Ce programme a frayé la voie à la poursuite de leur carrière dans une province qu’elles considèrent désormais comme leur foyer. « Le NSPRAP m’a permis de faire une transition en douceur vers la pratique médicale ici au Canada », confie la Dre Omoifo. Pour la Dre Aldrebi, qui est venue au Canada en quête d’un meilleur avenir pour elle et sa famille, « le programme offrait une occasion unique d’exercer la médecine familiale en milieu rural, dans le magnifique décor de la Nouvelle-Écosse. »

Doté d’un processus de sélection rigoureux, le programme présente un taux de réussite de 80 à 90 % ayant permis au fil des ans d’améliorer l’accès aux soins de santé dans la province. La Dre Fiona Bergin, directrice clinique du NSPRAP, est fière de dire que le programme a joué un rôle majeur dans l’installation de 23 autres médecins de famille dans les régions rurales de la province. Le programme, qui devait au départ permettre d’évaluer environ 10 candidats par année, est passé à la vitesse supérieure il y a plus d’un an, soit à 20 candidats par année, contribuant ainsi à accroître le nombre de médecins qui exercent en Nouvelle-Écosse, à l’exemple de la Dre Aldrebi et de la Dre Omoifo.

Image décoratif de la Dre Stephanie Omoifo
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« Le NSPRAP m’a permis de faire une transition en douceur vers la pratique médicale ici au Canada. »

— Dre Stephanie Omoifo

Quelques obstacles et de nombreuses réalisations

Tout en reconnaissant que leur transition dans un nouveau milieu a apporté son lot de défis, les deux médecins ne regrettent pas leur décision. La Dre Omoifo est diplômée de la University of Benin School of Medicine au Nigeria. Après avoir exercé la médecine dans ce pays pendant environ sept ans, elle a décidé de déménager avec sa famille au Canada et a vécu en Colombie-Britannique ainsi qu’en Alberta avant de s’installer dans les Maritimes. Elle s’est inscrite au NSPRAP en septembre 2021, après avoir été aiguillée par le College of Physicians and Surgeons of Nova Scotia. Malgré quelques difficultés à trouver un logement, la Dre Omoifo garde un excellent souvenir des stages d’évaluation clinique qu’elle a effectués à Middleton, situé à environ 150 km d’Halifax, ainsi qu’à New Waterford, dans le paysage pittoresque du Cap-Breton : « deux communautés fantastiques, où on m’a fait sentir la bienvenue », se remémore-t-elle.

Médecin en Libye ayant exercé la médecine d’urgence, la médecine interne et la médecine familiale pendant plus de 11 ans, la Dre Aldrebi a déménagé au Canada et a habité quelques années en Ontario avant de s’établir en Nouvelle-Écosse en février 2021. Ayant aussi effectué ses deux stages d’évaluation clinique à Middleton et à New Waterford, elle a vécu quelques difficultés en début de programme alors que la pandémie de COVID-19 était à son apogée et que de nombreuses restrictions étaient en vigueur à ce moment-là. Elle a également dû affronter sa peur de l’échec, étant donné que l’anglais est sa deuxième langue. Cependant, sa détermination et les encouragements des membres de la communauté lui ont permis de persévérer. « Tous les gens que je rencontrais, qu’il s’agisse de collègues ou de patients, ont été très accueillants et d’un grand soutien ». Elle ajoute que « cela a valu la peine ». Quant à la Dre Omoifo, elle se souvient du jour où elle a reçu les résultats finaux de son stage d’évaluation clinique : « nous avions travaillé si fort et franchi tous les obstacles; j’étais si heureuse d’avoir enfin pu réaliser mes rêves ».

Réussir l’intégration dans un nouveau milieu

Repartir à zéro dans un nouvel environnement n’est pas une mince affaire, et les relations nouées dans ce milieu sont essentielles pour que se développe chez les diplômés du programme d’ECE un sentiment d’appartenance qui les convaincra de rester une fois leurs années d’engagement de service post-évaluation écoulées. La Dre Aldrebi affirme qu’elle et sa famille s’adaptent très bien à New Glasgow, une ville située sur la rive nord de la Nouvelle-Écosse où elle effectue son engagement de service depuis septembre 2021. « Les gens ici sont très gentils et serviables, et je me sens appréciée et valorisée par les patients », affirme-t-elle. Dans ses moments de loisir, elle aime faire de la randonnée, du vélo et de la planche à pagaie. « J’ai un bon équilibre travail-vie personnelle », confie-t-elle. Sur le plan professionnel, elle apprécie les différentes possibilités que lui offre sa pratique puisqu’elle travaille dans une clinique de médecine familiale de soins en collaboration ainsi qu’en milieu hospitalier, à l’hôpital régional Aberdeen. Elle se réjouit du fait qu’elle travaille dans « une équipe formidable » qui comprend « une infirmière praticienne, une infirmière spécialisée dans le diabète sucré et une infirmière spécialisée dans les soins de plaies chroniques. »

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« Les gens ici sont très gentils et serviables, et je me sens appréciée et valorisée par les patients. »

— Dre Amel Aldrebi

La Dre Omoifo, qui a amorcé son engagement de service en mars cette année dans le même comté que la Dre Aldrebi, n’aurait pas pu rêver d’un meilleur endroit où vivre. « Les gens ici sont si accueillants et font tout pour nous faire sentir chez nous, cela fait une grande différence », déclare-t-elle. Ses trois adolescents se sont bien intégrés et font partie de l’équipe de basketball, de la fanfare et de la chorale de l’école. De son côté, elle a commencé à jouer au pickleball et suit des cours d’équitation. Lorsqu’on lui demande ce qui lui plaît le plus dans sa communauté, elle répond sans hésiter que c’est l’équipe médicale. « Je suis l’une des médecins de famille à la Pictou West Clinic, une clinique qui offre des soins en collaboration. Nous avons dans notre équipe des infirmières praticiennes, des diététistes, deux médecins, une pharmacienne, une travailleuse sociale, des infirmières spécialisées dans le diabète et un technicien de laboratoire. »

Les anciens candidats du programme deviennent évaluateurs et mentors

La compréhension du fonctionnement du système de santé canadien et l’apprentissage des normes culturelles du pays sont quelques-uns des aspects où les candidats retenus à l’ECE ont souvent besoin d’être guidés. Les Dres Omoifo et Aldrebi ont pu compter sur d’autres médecins qui ont joué le rôle de mentors au cours de leur évaluation, et elles admettent que ce soutien a été très précieux. La Dre Omoifo affirme qu’elle a apprécié recevoir des conseils de ses pairs : « les candidats précédents du programme d’ECE nous ont expliqué certaines choses importantes que nous devions adopter et la meilleure façon de gérer des rapports de cas difficiles ». La Dre Aldrebi est également reconnaissante du soutien qu’elle a reçu durant son évaluation. « L’ancien candidat du NSPRAP a beaucoup aidé, offrant des conseils sur le système d’aiguillage vers les spécialistes et certains programmes de traitement », indique-t-elle, ajoutant qu’elle et plusieurs autres médecins dans son milieu ayant terminé le programme ont « développé de solides amitiés et continuent de se soutenir mutuellement en tant que collègues ». À son tour, elle aide les nouveaux candidats qui effectuent leur stage d’évaluation et leur apporte « réconfort et encouragement », du fait qu’elle est « consciente des difficultés auxquelles sont confrontés les diplômés internationaux en médecine dans leur parcours pour obtenir le permis d’exercice au Canada ».

Lui-même médecin qualifié formé à l’étranger, le DEmmanuel Ajuwon comprend bien les défis auxquels sont confrontés les candidats au programme d’ECE durant leur période d’évaluation et par la suite. En réponse aux nombreux appels à l’aide qu’il a reçus de la part d’anciens participants au programme « pour s’y retrouver dans la complexité du système de santé de la Nouvelle-Écosse », il a lancé un programme de mentorat il y a deux ans. Il offre maintenant un webinaire une fois par mois, où il aide les diplômés internationaux en médecine « à comprendre les subtilités du travail en Nouvelle-Écosse, à traiter différents types de patients et de problèmes, à remplir les formulaires d’assurance ». Il ajoute que le webinaire est en voie d’être agréé par l’Université Dalhousie à des fins de formation médicale continue. En plus d’offrir du mentorat, le DAjuwon est depuis septembre 2019 évaluateur pour le NSPRAP, où il supervise les candidats au programme d’ECE en milieu clinique afin de déterminer s’ils sont prêts à exercer de manière indépendante. Les évaluateurs jouent un rôle crucial dans le processus d’ECE car ils s’assurent que les médecins inscrits au programme possèdent les compétences nécessaires pour fournir les meilleurs soins aux Néo-Écossais. Le Dr Ajuwon trouve son rôle très gratifiant :

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« Si en tant qu’évaluateur je peux contribuer à combler
ce fossé, j’en tire une grande satisfaction. »

La Dre Omoifo confirme à quel point la rétroaction positive qu’elle a reçue de la part de ses évaluateurs lorsqu’elle a réalisé son stage d’évaluation a été importante. « L’aspect le plus valorisant était de lire leurs commentaires », explique-t-elle. « Cela m’a confirmé que je faisais la bonne chose. » Bien qu’il ne soit pas nécessairement facile de recruter suffisamment d’évaluateurs pour le nombre de candidats au programme d’ECE, la Dre Bergin, directrice clinique du programme, croit que la situation s’améliorera dans un avenir prévisible, une fois que les diplômés du NSPRAP auront exercé la médecine depuis assez longtemps pour devenir à leur tour évaluateurs. C’est ce qu’illustre le souhait de la Dre Aldrebi qui aspire à devenir évaluatrice au cours des prochaines années pour apporter sa contribution, parce qu’elle veut « redonner à la Nouvelle-Écosse ».

Aujourd’hui bien ancrées dans leur nouvel environnement et dans leur pratique médicale, les Dres Omoifo et Aldrebi récoltent les fruits de leur travail et de leur dévouement, et elles espèrent pour les futurs candidats au programme d’ECE un dénouement aussi réussi et positif.